Occident mésoaméricain
Depuis plus de trente ans, l’UMR 8096 développe des travaux dans l’Occident de la Mésoamérique. Cette aire culturelle, située à l’ouest du bassin de Mexico, a été forgée dans les années 1940 à partir des subdivisions apportées à l’espace mésoaméricain. Au départ, l’Occident a été défini en opposition avec le reste de la Mésoamérique et selon des critères a priori négatifs : absence d’écriture, d’urbanisme et de sociétés complexes. L’originalité de plusieurs de ses traits n’a toutefois pas manqué d’attirer l’attention: tradition funéraire des tombes à puits, maquettes et statues anthropomorphes en terre cuite, poterie polychrome, architectures de plan circulaire. C’est aussi à cette époque que des correspondances stylistiques ont été établies avec la région côtière des Andes, suggérant ainsi la possibilité de liens anciens entre ces deux contrées.
En réalité, l’Occident recouvre une grande diversité géographique, culturelle et linguistique. Des basses-terres tropicales de la côte Pacifique aux reliefs montagneux de l’axe néovolcanique et de la Sierra Madre occidentale, cette aire abrite toujours de nombreux groupes indigènes comme les Tepehuanes, les Coras, les Huicholes et les Purhépecha.
Situé sur l’une des limites de la Mésoamérique, l’Occident a longtemps souffert d’être étudié depuis la seule perspective de sa « mésoaméricanisation » et a peu attiré les archéologues, à l’inverse des pilleurs et des collectionneurs séduits par l’esthétique des productions matérielles. Mais aujourd’hui, l’archéologie comble peu à peu son retard et consolide les données chrono-culturelles tout en s’intéressant à des questions précises, comme les mécanismes d’émergence des grandes entités culturelles, les dynamiques de peuplement et les migrations, le développement de l’urbanisme, les interactions culturelles et commerciales ou encore les relations Homme/Environnement.
Les recherches d’ArchAm ont particulièrement investi les régions fluviales et lacustres du Nord du Michoacan et du Sud du Guanajuato qui se situent à l’interface entre l’Occident, les régions arides du Nord et le Mexique central. De la culture emblématique de Chupicuaro à la fondation de l’empire tarasque (ou purhépecha), les programmes développés s’attachent à retracer la trajectoire historique originale qui marqua cette région au cours des deux millénaires qui précèdent l’arrivée des Espagnols. Ces recherches permettent de réévaluer la place, indiscutable, qu’occupaient les sociétés de l’Ouest au sein des dynamiques mésoaméricaines.