Mobilités, territoires et mutations sociopolitiques dans le Centre-Ouest de la Mésoamérique
Le Centre-Ouest mésoaméricain se trouve, dès le 1er millénaire av. J.-C., au cœur d’un vaste réseau d’interactions régionales et interrégionales, au sein duquel l’axe fluvial du Lerma a joué un rôle déterminant. Cette position a favorisé des processus migratoires d’ampleur variable qui prennent, sur le long terme, la forme d’une succession de phases d’expansion et de contraction démographiques.
L’archéologie tend à démontrer aujourd’hui que la mobilité migratoire constitue un trait récurrent de l’histoire de cette région, corroborant en partie les sources écrites indigènes ou espagnoles du XVIe siècle qui octroient aux Toltèques, Aztèques et Tarasques une origine étrangère, issue des marges septentrionales et semi-arides de Mésoamérique. Mais, si les grandes lignes de ces phénomènes commencent à être mieux documentées par l’archéologie, la nature des processus en jeu demeure mal connue.
Le projet MESOMOBILE cherche à en comprendre les mécanismes, sur le temps long et dans une région stratégique du nord du Michoacán, formant un transect N-S depuis la plaine alluviale du Lerma jusqu’au bassin lacustre de Zacapu. Il observe une période pivot : entre 250 et 900 de notre ère (phase d’expansion et de stabilité) pour identifier et interpréter les périodes « d’instabilité » qui lui précèdent et lui succèdent : le Préclassique terminal (100 av. J.-C. – 250 apr. J.-C.) et le Postclassique ancien et moyen (900-1400 apr. J.-C.).
MESOMOBILE offre une perspective archéologique nouvelle. Bénéficiant des acquis offerts par trente ans de recherches dans la région d’étude, il nous est maintenant possible d’interroger conjointement quatre dimensions essentielles pour comprendre les périodes considérées : les dynamiques territoriales (réseaux d’habitats et ressources naturelles), la mobilité des individus (envisagée à travers certains marqueurs bio-archéologiques), les flux des matières premières (origine des matières premières et des produits manufacturés) et la diffusion des systèmes techniques (approche techno-morphologique des productions matérielles). En croisant une palette d’outils performants pour traiter ces questions, le projet répond aux conditions aujourd’hui indispensables pour aborder de façon pertinente la question des mobilités en archéologie.