Dates : 2016-2019
Problématique et orientations de la recherche
Seuls grands mammifères domestiques sur le continent américain, les lamas et les alpagas ont été domestiqués il y a près de 6 000 ans, et leur élevage a connu une intensification importante à partir de l’Horizon ancien (1800-200 av. J.-C.) jusqu’à occuper une place fondamentale, économique, sociale et religieuse, dans les cultures préhispaniques régionales. Actuellement, leur élevage est restreint à la cordillère des Andes, dans des zones situées à plus de 3 000 m d’altitude. Pourtant, de nombreux vestiges (textiles, représentations iconographiques, restes squelettiques) attestent de leur présence passée sur la côte péruvienne. Quelques éléments – la présence de très jeunes individus notamment – suggèrent même la permanence des troupeaux à cet endroit. Toutefois, les modalités d’adaptation de ces derniers à ce milieu, leurs systèmes de gestion et ceux des territoires demeurent méconnus.
Le programme a pour but d’établir les conditions et les modalités de l’élevage des camélidés à basse altitude par une approche intégrée combinant plusieurs spécialités, certaines jamais encore employées au Pérou (analyse isotopique sériée des dents, étude combinée des méso et des ecto-parasites) : archéologie, archéozoologie, biogéochimie, archéobotanique, paléoparasitologie, archéoentomologie étude des fibres et textiles. Le projet cherche donc à reconstituer cette forme de pastoralisme sur la côte nord du Pérou, tel qu’ont pu le pratiquer les cultures Mochica, Lambayeque et Chimú, entre 100 et 1470 apr. J.-C. Le corpus à traiter est exceptionnel : 2 800 échantillons provenant de 140 spécimens issus de 7 sites archéologiques.
On vise à identifier :
1) les ressources alimentaires nécessaires au maintien local – saisonnier ou permanent – des animaux ;
2) la mobilité éventuelle des troupeaux, avec déplacement du cheptel vers les moyennes ou hautes vallées ;
3) l’état sanitaire des troupeaux et l’identification de parasites spécifiques à la côte. La diversification du système de pastoralisme andin devrait, en principe, être corroborée par la présence d’enclos proches des sites côtiers.
La mise en évidence de l’origine locale de divers produits (viande, os, cuir, poils, etc.) pourrait enfin conduire à nuancer fortement le modèle de la verticalité andine et la vision que l’on a de l’organisation territoriale des sociétés préhispaniques péruviennes.