L' Aire Maya
Située au nord de la région isthmique de l’Amérique centrale, l’aire maya s’étend sur environ 340 000 km² (soit presque la taille de l’Allemagne), au Mexique, au Guatemala et au Belize, ainsi que dans l'ouest du Honduras et du Salvador. Les paysages sont contrastés : au nord, les basses terres forment une grande plaine calcaire très plane, suivie au centre d’un vallonnement karstique (moins de 350 m d’altitude) ; au sud, des hautes terres métamorphiques, où se trouvent notamment des gisements de jade, précèdent une chaîne volcanique récente et encore active, aux gisements d’obsidienne, qui domine à plus de 4000 m une étroite bande côtière Pacifique. Ces régions ont été sans doute occupées au moins dès la fin du Pléistocène. Sédentarité, économies agraires, industrie céramique et même embryons de hiérarchies sociales y sont attestés ici ou là dès le deuxième millénaire avant notre ère. Mais ce n’est que vers 1000 av. J.-C. qu’on identifie les prémices de la civilisation maya avec des premiers vestiges, notamment céramiques, sur des sites qui deviendront ensuite de fortes capitales : Altar, Ceibal, Tikal…
La civilisation maya a atteint son apogée à la période classique (250-950 apr. J.-C.). Elle était alors dotée de grandes cités bâties en pierre, en particulier au cœur de la forêt tropicale (centre des basses terres). Ces dernières avaient à leur tête de puissantes dynasties royales qui n’eurent de cesse de guerroyer et/ou de passer des alliances entre elles. C’est à cette époque que l’écriture logosyllabique, la science astronomique et les arts — architecture, sculpture, peinture — ont pris leur essor. Sous l’hégémonie des deux cités rivales que furent Tikal et Calakmul, le système de ces cités-Etat royales resta en vigueur jusqu’à la crise de la civilisation classique, entre 760 et 950 apr. J.-C. Il sera remplacé au Postclassique (après 950) par des entités régionales plus ou moins intégrées, avec toutefois l’existence, au nord, de deux grandes métropoles cosmopolites successives, au sud les capitales des communautés actuelles k'iche' et kaqchikel. De nos jours, la culture maya est encore bien vivante (plus de six millions de locuteurs, une trentaine de langues), ce qui permet des approches croisées entre archéologie, épigraphie, ethnohistoire, anthropologie et linguistique. C’est la période classique qu’étudie l’équipe mayaniste de l’UMR8096 depuis les années 1970, même si le Postclassique des Hautes Terres a aussi été travaillé par plusieurs de ses membres jusqu’en 1995. Les études de sites ou de régions dans la diachronie (Toniná, zone de Xculoc, Xcalumkín, Balamkú, La Joyanca, Río Bec, Naachtun) ont visé principalement la reconstitution des organisations socio-politiques, des systèmes économiques, notamment en rapport avec les milieux naturels locaux, ainsi que des pratiques cultuelles (domaine funéraire en particulier).