L' Amazonie
L’UMR 8096 est le seul laboratoire français où sont développées des recherches archéologiques sur l’Amazonie. Elles portent prioritairement sur les terrassements précolombiens, les techniques agricoles anciennes et l’interaction Homme/nature.
Forte d’une superficie de quelque 7 millions de km2 et divisée aujourd’hui entre neuf pays, l’Amazonie est souvent considérée comme un paysage uniforme de forêt moutonnante, mais elle se compose en réalité d’une mosaïque de paysages. Cette vision d’une homogénéité supposée empêche souvent de reconnaître l’extrême richesse de la biodiversité de la région, caractérisée par de nombreuses espèces et des biotopes variés. Cette abondance se double d’une diversité ethnique également exceptionnelle.
Les plus anciennes traces humaines en Amazonie sont datées d’il y a près de 13 000 ans. Par la suite, des processus cruciaux pour l’homme sud-américain vont se dérouler en différents endroits d’Amazonie : la domestication de nombreuses plantes, l’apparition de la céramique, la complète sédentarisation, puis l’éclosion de populations complexes et stratifiées.
Cette immense forêt équatoriale et tropicale a longtemps été négligée par les archéologues, qui considéraient que le milieu difficile avait provoqué un sous-développement précolombien, aucune société avancée n’ayant pu s’y épanouir. On sait aujourd’hui qu’il n’en est rien et, qu’au contraire, des civilisations très raffinées ont vu le jour à des époques reculées en Amazonie.
Peut-être plus qu’ailleurs encore, l’archéologie en Amazonie a fait de prodigieux progrès et obtenu des résultats stupéfiants ces dernières années. Cela aura été, dans le désordre, la révélation de la fertilité de la terra preta, la mise en évidence de la prédominance de la culture du maïs et de l’ancienneté de son expansion, la découverte d’un système d’urbanisme agraire, la trouvaille de la plus ancienne céramique d’Amérique et des premiers foyers de domestication de nombreuses plantes dont le manioc, la patate douce, la cacahuète, l’ananas et le cacao, la reconnaissance de l’intime interaction des humains et de la nature, la détermination des subtilités de la culture sur champs surélevés et la diversité des techniques agricoles précolombiennes, etc.
L’archéologie amazonienne a connu un essor considérable depuis près de deux décennies. Cette vitalité scientifique se traduit par l’augmentation notable du nombre de chercheurs, une dynamique interdisciplinaire effective et la multiplication des projets de recherche. Aujourd’hui, la forêt tropicale humide n’est plus considérée comme un élément bloquant de la civilisation humaine, ni même comme un frein à l’innovation, bien au contraire.