Les Andes

Lorsque le 16 novembre 1532, Francisco Pizarro capture, à Cajamarca, l’empereur inca Atahualpa, il met fin à un jeune empire qui s’était construit après des millénaires d’adaptations aux différents milieux, d’innovations techniques, économiques et de développements culturels divers dans cet espace aujourd’hui considéré comme les Andes centrales. Ces régions, très contrastées, s’étendent sur plus de 3 000 kilomètres, depuis l’Équateur méridional jusqu’au Sud du Pérou. Elles recouvrent, d’ouest en est, une étroite plaine côtière désertique, entrecoupée d’oasis propices à l’occupation humaine, et le massif andin proprement dit : celui-ci est composé de deux chaînes parallèles (occidentale et orientale) et, entre celles-ci, de hautes vallées encaissées et des hauts-plateaux (puna ou altiplano) situés à plus de 3 500 m d’altitude et baignés au sud par le lac Titicaca. Plus à l’est, les piémonts andins débouchent sur la forêt amazonienne.

Le peuplement ancien de la région est marqué par la présence de premiers groupes de chasseurs-pêcheurs-cueilleurs qui ont occupé la cordillère des Andes et la côte Pacifique depuis au moins 11 000 av. J.-C. et tout au cours de la période dite « paléo-indienne ». La domestication végétale et animale, la sédentarisation progressive des populations, le développement des échanges (notamment entre zones écologiques interdépendantes), l’urbanisation, la construction de grands sites civico-cérémoniels, le développement d’ouvrages hydrauliques font partie, entre autres, des processus et innovations qui ont permis le développement de sociétés complexes. Les Andes centrales sont ainsi le berceau d’une riche série de sociétés préhispaniques, Paracas, Nasca, Mochica, Wari, Tiwanaku, Chimu, Inkas…, connues par leur culture matérielle respective. Plusieurs sociétés hiérarchisées ont exercé un contrôle politique à plus ou moins grande échelle, et différents types d’organisation ont été mis en place selon les lieux et les moments : entités dominant une ou plusieurs vallées, chefferies, royaumes, États centralisés. Avec ces sociétés sans écriture, les seules sources disponibles pour en restituer l’histoire sont les données archéologiques, environnementales et ethnohistoriques, ces dernières issues des témoignages oraux sur les mondes anciens, transcrits au moment de la Conquête ou peu après.

Clichés : C. Clément ; R. Housse ; P. Lecoq