ANR CHUPICERAM

Réinterpréter les interactions Chupicuaro - Cuicuilco à la lumière des technologies céramiques (Mexique)

 

Dates : 2021 - 2025

 

Problématique

Ce projet s’intéresse aux interactions entre deux régions clés pour appréhender certains processus sociopolitiques qui caractérisent les Hautes Terres mésoaméricaines : l’Ouest mexicain et le bassin de Mexico.

Pour préciser la nature et l’intensité de ces relations inter-régionales, l’attention de CHUPICERAM se porte sur les processus de fabrication de la céramique, depuis les stratégies d’acquisition des matières premières jusqu’aux produits finis. Le projet propose de caractériser les traditions techniques propres à chaque région, de comprendre les variations dans le temps, d’établir et d’interroger les liens entre les différents assemblages céramiques et, enfin, de discuter la question des relations inter-régionales en termes de proximité économique, sociale et culturelle. Pour cela, une palette d’outils complémentaires propres à l’archéologie, la géologie et les sciences physico-chimiques seront mobilisées pour identifier les sources de matières premières et les méthodes de fabrication, et retracer d’éventuelles routes de circulation.

L’une des forces de CHUPICERAM est sa volonté d’appliquer une approche comparative méthodique en analysant un échantillon représentatif et en intégrant à la fois des données archéologiques recueillies récemment dans la région de Chupícuaro, et des collections muséales constituées à l’issue de fouilles réalisées dans la première moitié du XXème siècle, à Chupícuaro et dans le bassin de Mexico. C’est la première fois que ces collections seront étudiées selon un protocole d’analyse identique et parfaitement adapté à la nature des objets étudiés, tessons céramiques ou de pièces complètes : analyses techno-stylistiques s’appuyant sur le concept de chaîne opératoire, identifications pétrographiques et minéralogiques, et des analyses structurales intégrant des techniques non-invasives comme l’imagerie hyperspectrale, l’imagerie 3D, la spectrométrie de fluorescence X, ou encore les spectroscopies Raman et infrarouge. Nous considérons que seul le croisement de toutes ces données permettra de dépasser les limites induites par les analogies stylistiques.

Le projet regroupe des archéologues, conservateurs de musée, géologues et spécialistes en physique appliquée et chimie analytique, originaires de différentes institutions mexicaines ou françaises. Ces chercheurs travailleront sur les mêmes échantillons pour répondre aux mêmes questions. En réunissant l’expertise française et mexicaine, CHUPICERAM relève le défi de mettre au premier plan deux cultures préclassiques encore mal connues mais réputées pour avoir été parmi les plus singulières traditions mésoaméricaines.

Mise en œuvre

Les activités s’organisent autour d’analyses de laboratoire, d’un travail de terrain et de deux grandes réunions annuelles, à Mexico ou en virtuel, pour partager les résultats et ajuster les stratégies. Au début, il a été important de stabiliser le protocole méthodologique pour faciliter le dialogue entre les géologues et les géochimistes, et pour optimiser la comparaison entre les tessons céramiques (collection archéologique) et les vases complets (collections muséales ou archéologique).

Dans le cadre du projet, un contrat postdoctoral de 24 mois (ArchAm) et un contrat IR d’un an (Archéosciences) ont été mis en place. Au Mexique, plusieurs contrats locaux ont aussi été établis via le CEMCA avec les Instituts de géologie et de physique de la UNAM, et avec le Musée national d’anthropologie.

Depuis 2022, plus de 200 tessons céramiques ont déjà été analysés par le laboratoire ARCHÉOSCIENCES, sous la responsabilité d’Ayed Ben Amara et de Fanny Alloteau et une soixantaine de tessons a fait l’objet d’analyses pétrographiques et minéralogiques, au sein de l’Institut de géologie de la UNAM, sous la supervision d’Hector Cábadas et de Sergey Sedov. Une vingtaine de vases complets entreposés au CEMCA a fait aussi l’objet d’analyses non destructives ((Imagerie numérique par rayons X, Imagerie 3D, Imagerie hyperspectrale, Imagerie infrarouge en fausses couleurs, Fluorescence des rayons X, Spectroscopie Raman), par le laboratoire LANCIC (Institut de physique de la UNAM). Parallèlement, un travail de fond a été commencé au Musée National d’Anthropologie sur les vases complets issus des fouilles des années 1940, dans le but de regrouper le mobilier funéraire par sépulture et de sélectionner une cinquantaine d’exemplaires. José Luis Ruvalcaba et son équipe (LANCIC) se sont ensuite déplacés au musée pour procéder aux analyses.

De leur côté, les analyses techno-stylistiques des collections céramiques provenant de fouilles anciennes du bassin de Mexico ont été prises en charge par Alejandra Castañeda dans le cadre d’un contrat postdoctoral (Collections Florencia Müller et de Bennyhoff pour Cuicuilco, collections de Cerro del Tepalcate, Cuautihtlan, et Ticoman). Un échantillon a été réalisé en vue des analyses pétrographiques et géochimiques.

Enfin, des prospections sur le terrain ont été menées dans la vallée d’Acambaro pour identifier les gisements de matière première (argiles, pigments etc.). Celles-ci, réalisées par Hector Cábadas, Georgina Arzave et Véronique Darras, ont conduit à la localisation et l’échantillonnage de 15 lieux. Au cours de ces terrains, un travail d’enquête a été effectué auprès d’anciens potiers et de fabriques actuelles de tuiles et de briques.

Les résultats préliminaires ont été présentés dans plusieurs forums scientifiques internationaux, un symposium se tiendra au prochain Congrès SAA 2024, à la Nouvelle-Orléans (États-Unis), et des publications sont en cours. Du côté des travaux universitaires, deux thèses de master ont été réalisées à l’université Bordeaux-Montaigne (sous la direction de Ayed Ben Amara), et une thèse de licenciatura est en cours à la ENAH (sous la direction d’Eliseo Padilla).

 
 
 

Responsable
Véronique Darras
directrice de recherche CNRS
responsable scientifique
UMR 8096 ArchAm

 

Institutions partenaires
Archéologie des Amériques - (ArchAm UMR-8096)
Porteur du projet
Alejandra Castañeda Gómez del Campo
doctorante

 

ARCHEOSCIENCES - UMR 6034
Ayed Ben Amara (responsable scientifique)
MCF université Bordeaux-Montaigne
Nadia Cantin
Ingénieure de recherche
Fanny Alloteau
Ingénieure de recherche contractuelle
Rémy Chapoulie
Professeur université Bordeaux Montaigne
Daniel Pierce
Postdoctorant

 

Centre d’études mexicaines et centramericaines
(CEMCA-USR3337/UMIFRE 16, Mexico)
Maya Collombon
Directrice
Sergey Sedov
Professeur Institut de géologie, UNAM, Mexico
Teresa Pi
Professeure Institut de géologie, UNAM, Mexico
Hector Cábadas Baez
Professeur Faculté de géographie, UAEM, Toluca
Georgina Ibarra Arzave,
Professeure assistante Institut de géologie, UNAM, Mexico
José Luis Rubalcaba
Professeur Institut de physique (laboratoire LANCIC), UNAM, Mexico
Carlos López Puértolas
Postdoctorant Institut de physique (laboratoire LANCIC), UNAM, Mexico
Éliseo Padilla
Conservateur au Musée National d’Anthropologie de Mexico
Patricia Ochoa
Conservatrice au Musée National d’Anthropologie de Mexico
Felipe Ramírez
Chercheur INAH, directeur du projet Cuicuilco, Mexico
Karent López,
Étudiante ENAH_contractuelle Musée National d’Anthropologie de Mexico

 

Financements
ANR (AAPG 2020 – Axis 4.2. Culture,
Creation and Heritage)