ANR CHUPICERAM

Réinterpréter les interactions Chupicuaro - Cuicuilco à la lumière des technologies céramiques (Mexique)

 

Dates : 2021 - 2023

 

Problématique

Ce projet s’intéresse aux interactions entre deux régions clés pour appréhender certains processus socioculturels qui caractérisent les Hautes Terres de Mésoamérique : l’Ouest mexicain et le bassin de Mexico.

L’étude des relations sociales inter-régionales est un sujet abondamment exploré par l’archéologie mésoaméricaine qui se fonde traditionnellement sur les similitudes entre les productions matérielles, en particulier la poterie. Depuis qu’un Tertium Quid associé à une tradition céramique originaire des régions de l’Ouest a été identifié dans le bassin de Mexico, pour la période préclassique, cette question fait l’objet de débats récurrents. Toutefois, la nature des liens entre les deux régions, au cours de cette période, est restée mal comprise car ce sont les correspondances stylistiques qui ont guidé les interprétations. C’est pourquoi le projet CHUPICERAM propose d’améliorer la compréhension de ces dynamiques en exploitant de façon exhaustive le potentiel informatif du matériau céramique. Le projet s’intéresse à la période préclassique moyenne, récente et finale (600 av. J.-C. - 250 apr. J.-C.) au cours de laquelle se sont développés deux foyers culturels : Chupicuaro dans la vallée du Lerma (Guanajuato) et Cuicuilco dans le bassin de Mexico. Les interprétations de leurs analogies stylistiques, dévoilées au cours du XXème siècle, prêtent souvent à Chupicuaro un rôle moteur, comme possible région d’émigration ou comme pôle de manufacture potière qui aurait distribué ses produits sur de longues distances ou influencé les styles des régions voisines.

Pour préciser la nature et l’intensité de ces relations inter-régionales, l’attention de CHUPICERAM se porte sur les processus de fabrication de la céramique, depuis les stratégies d’acquisition des matières premières jusqu’aux produits finis. Il s’agit de caractériser les traditions techniques propres à chaque région, de comprendre les variations dans le temps, d’établir et d’interroger les liens entre les différents assemblages céramiques et, enfin, de discuter la question des relations inter-régionales en termes de proximité économique, sociale et culturelle. Pour cela, une palette d’outils complémentaires propres à l’archéologie, la géologie et les sciences physico-chimiques est mobilisée pour identifier les sources de matières premières et les méthodes de fabrication, et retracer d’éventuelles routes de circulation.

L’une des forces de CHUPICERAM est sa volonté d’appliquer une approche comparative méthodique en analysant un échantillon représentatif et en intégrant à la fois des données archéologiques récentes et des collections muséales constituées à l’issue de fouilles réalisées dans la première moitié du XXème siècle, à Chupicuaro et dans le bassin de Mexico. C’est la première fois que ces collections seront étudiées selon un protocole d’analyse identique et parfaitement adapté à la nature des objets étudiés, tessons céramiques ou pièces complètes : analyses techno-stylistiques fondées sur le concept de chaîne opératoire, identifications pétrographiques et minéralogiques, et analyses structurales intégrant des techniques non-invasives comme l’imagerie hyperspectrale, l’imagerie 3D, la spectrométrie de fluorescence X, ou encore les spectroscopies Raman et infrarouge. Nous considérons que seul le croisement de toutes ces données permettra de dépasser les limites induites par les analogies stylistiques.

Le projet regroupe des archéologues, conservateurs de musée, géologues et spécialistes en physique appliquée et chimie analytique, originaires de différentes institutions mexicaines ou françaises. Ces chercheurs travailleront sur les mêmes échantillons pour répondre aux mêmes questions. En réunissant l’expertise française et mexicaine, CHUPICERAM peut relever le défi de mettre au premier plan deux cultures préclassiques encore mal connues mais réputées pour avoir été parmi les plus singulières traditions mésoaméricaines.

Responsable
Véronique Darras
directrice de recherche CNRS
responsable scientifique
UMR 8096 ArchAm
Institutions partenaires

Archéologie des Amériques
(ArchAm UMR-8096)
Porteur du projet
Alejandra Castañeda Gómez del Campo
doctorante
Brigitte Faugère
professeur université Paris 1
Elsa Jadot
chercheure associée université Paris 1
Institut de recherche sur les archéomateriaux
centre de recherche en physique appliquée à l’archéologie
(IRAMAT-CRP2A)
Ayed Ben Amara (responsable scientifique)
MCF université Bordeaux-Montaigne
Nadia Cantin
ingénieure de recherche
Rémy Chapoulie
professeur université Bordeaux Montaigne
Daniel Pierce
postdoctorant
Centre d’études mexicaines et centramericaines
(CEMCA-USR3337/UMIFRE 16, Mexico)
Bernard Tallet
directeur
Sergey Sedov
professeur Institut de géologie, UNAM, Mexico
Teresa Pi
professeur Institut de géologie, UNAM, Mexico
Hector Cabadas Baez
professeur Faculté de géographie, UAEM, Toluca
Jose Luis Rubalcaba
professeur Institut de physique (laboratoire LANCIC), UNAM, Mexico
Eliseo Padilla
conservateur au Musée National d’Anthropologie de Mexico
Patricia Ochoa
conservatrice au Musée National d’Anthropologie de Mexico
Felipe Ramirez
chercheur INAH, directeur du projet Cuicuilco, Mexico

 

Financements
ANR (AAPG 2020 – Axis 4.2. Culture,
Creation and Heritage)