Grand Cul-de-Sac Marin
Vestiges précolombiens sous-marins dans le Grand Cul-de-Sac Marin

Dates : 2016

Problématique

Le Grand Cul-de-Sac Marin est une grande baie de 20 km de largeur, dont la profondeur n'excède pas 15 m et avoisine le plus souvent 3 à 4 m. La découverte fortuite de plusieurs objets lithiques précolombiens reposant sur le fond marin au milieu du Grand Cul-de-Sac Marin a immédiatement questionné les préhistoriens. Il s'agit d'outils en roche volcanique : meules, polissoirs, haches, mortiers et pilons. Leur attribution chronologique est indéterminée car ces types d’outils se rencontrent généralement dans plusieurs contextes culturels antillais. La fourchette de datation est donc large et incertaine : de 3000 avant J.-C. au Mésoindien jusqu'à la fin du Néoindien. Ces objets sont posés sur le fond rocheux à des profondeurs comprises entre 3 et 4 mètres. Deux questions principales se posent : l’âge de ces vestiges et leur statut. Il pourrait s’agir de pertes « par-dessus-bord », à la suite du naufrage d’embarcations avec leur cargaison, ou de restes démantelés d’occupations préhistoriques terrestres submergées à la suite à la remontée du niveau marin.

Une deuxième découverte en 2014 vient renforcer l’intérêt du secteur : il s’agit d’une couche de tourbe, localisée au milieu du Grand Cul-de-Sac Marin. Cette tourbe contient de nombreux troncs d’arbres dont certains en position de vie. L’un de ces troncs a été identifié par un botaniste de l'équipe comme étant un "mangle médaille", taxon inféodé aux marais d’eau douce. Cette identification confirme le caractère non marin des dépôts. Deux datations radiocarbone ont fourni un résultat autour de 4500 avant J.-C. pour la partie médiane de la couche. Ce dépôt est interprété comme un témoin de la remontée marine post-glaciaire, à une époque où ce secteur du Grand Cul-de-Sac était donc largement émergé.

Une première prospection sous-marine visant tout d'abord à étoffer le corpus d'objets lithiques (actuellement une vingtaine de pièces) a été autorisée par le DRASSM et sera conduite par C. Stouvenot dans le courant de l'année 2016. Une partie de l’étude visera à reconstituer la paléogéographie de la baie (zones émergées, îles) à différentes périodes en fonction de la bathymétrie actuelle acquise par Lidar (Litto3D IGN-SHOM). Ces reconstitutions seront comparées aux cartes de répartition des mobiliers récoltés, dans la perspective de détecter de possibles paléorivages où auraient pu s'établir les populations préhistoriques.

Responsable 
Christian Stouvenot (DAC de Guadeloupe)

Institution scientifique partenaire
Association Archéologie Petites Antilles, Inrap

Financements (organismes, mécènes)
DRASSM, Conseil Régional

Collaborateurs
Nathalie Sellier-Ségard, Inrap