Séverine Bortot
Docteur en archéologie.
Panthéon-Sorbonne. Université Paris I
Les caches souterraines du Cerro Barajas (Mexique)
Vous avez étudié, de 2000 à 2005, les structures souterraines construites sur les flancs du Cerro Barajas au Mexique. Qu’y avez-vous découvert ?
Il me faut d’abord retracer rapidement l’histoire de ma participation au « projet Barajas ». Je l’ai rejoint un an après qu’il ait été monté, en 1999. Il faisait suite au « projet Michoacán » et s’inscrivait dans la continuité d’une tradition de la recherche française à la frontière nord de la Mésoamérique. Le projet Michoacán portait sur l’étude du versant méridional du Lerma. Les résultats obtenus en 1996 ont mis en évidence l’intensité de l’occupation humaine et la complexité du développement culturel entre les 8e et 13e siècles apr. J.-C. Dans la continuité de ces recherches nait en 1998 le projet « dynamique culturelles dans le Bajío » Ce projet a pour but d’étudier à la fois le versant nord de la moyenne vallée du fleuve Lerma, et pour dessein de mettre en lumière différents aspects de son développement culturel. En fait deux axes, réunis sous la coupe d’un même projet ont vu le jour, le volet « chupicuaro » qui porte sur le développement culturel de ce secteur entre 600 av. et 200 av. J.-C. et le projet « Barajas » qui concerne surtout la transition du Classique au Postclassique, de 600 à 900 apr. J.-C. (Pereira, Migeon et Michelet 2001)
Le massif du Barajas…
Le Barajas est un petit massif montagneux d’origine volcanique situé au sud-ouest de l’Etat de Guanajuato, dans le Centre-Nord du Mexique. C’est un massif d’environ 5km de long qui s’élève sur un peu plus de 500 m et possède, sur sa façade nord, une quinzaine de sites archéologiques qui furent occupés entre 450 et 900 apr. J.-C. Alors que ces établissements révèlent à plusieurs égards l’appartenance mésoaméricaine de leurs occupants, ils se distinguent toutefois notablement de la tradition architecturale présente dans la région au premier millénaire. Le projet est né pour comprendre les raisons et les modalités de cette différence. L’étude des structures de stockage s’est inscrite parmi les axes de recherche développés au sein de ce projet.
Quel est le contexte ?
Le massif du Barajas se situe dans une macrorégion appelée « Bajío ». Le terme Bajío renvoie d’abord à une réalité spatiale : il correspond à une zone géographique spécifique du Mexique central : la grande plaine alluviale de la partie médiane du fleuve Lerma. Le terme « Bajío » renvoie aussi à une réalité culturelle ; la coutume s’est installée d’appeler « cultures du Bajío » les populations qui ont occupé cette zone au premier millénaire, en se référant au Bajío comme s’il avait abrité un développement culturel linéaire. Or nous savons aujourd’hui que le développement culturel de la zone est loin d’être homogène : l’apogée des sites du Barajas est datée de l’Epiclassique, de 650 à 900 apr. J.-C. Cette période est marquée par l’arrivée de nouvelles populations dans la région, jusqu’au Haut Plateau central du Mexique, où l’on parle de balkanisation du pouvoir. De ce fait, c’est une période pour laquelle nous étions peu documentés et présentait pourtant une grande complexité car certains sites, notamment ceux du Barajas présentent des caractéristiques inconnues localement.
Qu’est ce qui aurait pu provoquer ces bouleversements locaux ?
Les raisons ne sont pas encore complètement comprises. Depuis les travaux de Pedro Armillas, les chercheurs pensent qu’un changement climatique aurait pu pousser des populations d’agriculteurs du nord du Mexique à chercher des terres fertiles vers le sud. Il faut savoir qu’à l’époque de la Nouvelle Espagne, la région du Guanajuato était considérée comme un « grenier ». Les terres étaient-elle aussi fertiles 700 ans plus tôt ? C’est difficile à dire. Quoi qu’il en soit, et quelles qu’aient été les raisons de ces flux migratoires, la vallée du Lerma a été le théâtre de mouvements de populations, ce qui rend les vestiges particulièrement difficiles à appréhender.
Décrivez nous les sites du Barajas ?
Le massif est coupé par d’anciens lits de rivières qui forment des ravins. Le terrain est donc pentu, sauf sur les sommets. Les sites se situent entre 1800 et 2100 mètres environ, sur le flan nord, le seul à présenter des vestiges. Le plus bas surplombent la vallée d’un peu plus de 100 mètres. Leur état de conservation est assez exceptionnel. On voit de grands monticules de dalles, en raison des effondrements de bâtiments anciens, et des murs encore hauts de 2,5 mètres. Le tout n’est pas systématiquement recouvert par la végétation. Sur le site de Nogales, par exemple, les pyramides sont bien visibles, organisées autour d’une place, comme on en connaît partout en Mésoamérique.
Et c’est là qu’apparaissent les « structures souterraines »…
Effectivement, enfin, à vrai dire, elles apparaissent un peu partout sur le flanc nord du massif et parmi tous les groupes de structures en élévation. L’existence de structures souterraines a d’ailleurs été mentionnée dès la découverte du site de Nogales, principal établissement du massif. Leurs découvreurs Zepeda et Sanchez Correa, avaient assimilé ces structures souterraines à des citernes. Au tout début du projet Barajas, elles sont aussi mentionnées, et on évoque alors la possibilité qu’il s’agisse de tombes pillées et donc à ciel ouvert.
La première opération qui m’a été confiée a donc été d’en retrouver d’autres, si possible intactes. Dès les premières fouilles, nous avons réalisé que les structures souterraines même intactes ne contenaient pas de corps, ce qui invalidait l’hypothèse qu’il s’agisse de tombes. L’hypothèse des citernes était aussi difficile à tenir compte tenu de la morphologie de certaines d’entre elles. Nous avons alors étendu le champ des possibilités interprétatives. Au fil des campagnes de fouilles, la localisation des structures, leurs formes et leurs contenus nous ont orientés vers l’hypothèse du stockage et dans le même temps éloignés des autres éventualités.
Comment se présentent-elles ?
Il y a des traits récurrents et des variations. Parlons d’abord des traits récurrents. Il s’agit toujours de structures en dalles sèches, sans mortier. De parois uniques. C’est-à-dire qu’on a utilisé la pente et monté des murs de dalles adossés contre l’affleurement rocheux, avant de remblayer pour finir la terrasse. Le tout était couvert d’une toiture formée de gros blocs de basalte.
Lorsque la structure est intacte…
On a retrouvé une seule fois un système complètement intact. Avec de gros blocs de couverture disposés de manière transversale sur la structure. Pour y accéder, par le haut, et pour éviter d’avoir à les soulever, il y avait une sorte de système de trappe constitué de plus petites dalles amovibles. En dessous, lui correspondait des petites dalles fichées dans la paroi verticale comme des marches d’escalier.
Les dimensions ?
Ces structures mesurent en moyenne, entre 2 et 4 m², pour 1 et 1,5 m de profondeur.
D’où le fait de considérer qu’il s’agissait de tombes ?
Oui, sinon - comme je l’ai déjà dit - qu’on y a jamais trouvé de corps, y compris dans les structures non pillées que nous avons progressivement découvertes et qui représentent aujourd’hui un tiers de l’ensemble. S’il s’agissait de tombes, même pillées, on aurait du retrouver des dents et des petits restes d’os humains. Là, il n’y avait rien. L’hypothèse a donc été éliminée.
Et pour les citernes ?
On s’est vite rendu compte que ces structures n’étaient pas construites de façon suffisamment soignée pour avoir contenu de l’eau. En l’occurrence, et dans un seul cas, nous avons retrouvé du torchis collé aux parois. Mais il est difficile d’en conclure que c’était systématique. Si l’on peut imaginer que, dans une structure éventrée, le revêtement s’est désagrégé après plusieurs saisons de pluie, il n’y en a pas trace non plus dans les structures encore à l’abri. Bref, nous avons éliminé la possibilité funéraire, la citerne et même l’idée que ces espaces avaient pu servir de dépotoir. Restait la fonction du stockage. L’idée germait avant mon arrivée. Je me suis concentrée sur cette hypothèse pour voir dans quelle mesure le stockage était bien en corrélation avec une forme souterraine. Nous avions alors pour seul référent le stockage au sud-ouest des Etats-Unis où les populations avaient l’habitude de construire à différents niveaux, avec des accès par le haut.
Telles les « kivas » de Pueblo Bonito…
Plus ou moins, car en réalité les deux systèmes ne sont pas réellement comparables.
Et il n’y avait rien d’équivalent au Mexique ?
Si le sujet du stockage et de la conservation du surplus (donc du capital) avait mobilisé les chercheurs en Europe, dans les années 80, en Amérique du sud chez les Incas dans les années 90, en revanche en Mésoamérique la question était peu étudiée, voire pas du tout. Et pour ce que nous en savions alors, la réponse était non. Pour palier ce manque de références bibliographiques, nous avons organisé un colloque international, avec Dominique Michelet et Véronique Darras, afin de réunir les archéologues en charge des plus grands sites du Nord au Plateau central du Mexique. La rencontre a été très instructive puisque nous avons notamment appris que notre cas n’était pas totalement isolé, mais qu’il existait pour la même période, sur le Haut Plateau central, notamment sur le site de Cantona, des aménagements comparables. Ces structures souterraines participaient au système défensif de ce site dans le contexte culturel complexe que l’on connait pour l’Epiclassique.
Peut-on parler de silo ?
Pas au sens strict. En effet, un silo implique une conservation en milieu hermétique : le produit stocké est maintenu dans un environnement sans air. Dans un silo à grains, le peu d’air présent se consume rapidement : l’activité bactérienne se forme alors autour des grains qui germent et qui finissent par former une croûte qui les maintient dans un milieu sans air, anaérobie. Ce qui permet leur conservation. Dans le cas de nos structures, on n’a jamais réussi à prouver qu’on était en face à une technique de conservation sans air. La technique de construction, elle-même, était trop sommaire pour permettre aux grains d’être conservés dans un milieu anaérobie.
Alors est-ce qu’on s’approchait d’une telle technique ?
C’est possible, par exemple si les produits sont conservés dans des récipients en céramique. Tout ce qu’on sait, c’est qu’au sens strict de ce terme, ce n’est pas de l’ensilage, et encore moins de la conservation en milieu ventilé comme c’est la tendance aujourd’hui au Mexique central. Par conséquent, on ne sait pas non plus si la technique de conservation semi-aérée était aussi efficace que l’ensilage. Cette question aussi est difficile car les plantes étaient différentes : est-ce que le taux d’humidité du grain était efficace pour une conservation avec peu d’air ? Le climat, lui aussi, pouvait être différent de celui d’aujourd’hui, autant de facteurs difficiles à maîtriser.
Le mystère s’épaissit… Où retrouve-t-on ces structures ?
Un peu partout. Isolées ou parmi les habitations. Les seuls endroits où l’on n’en voit pas sont les zones considérées comme cérémonielles.
Qu’entendez-vous par isolées ?
C’est une notion qui tient compte de l’aspect actuel du site, mais elles pouvaient très bien avoir été aménagées à côté de constructions en bois qui n’ont pas laissé de traces. Pour simplifier, disons que ces structures se trouvaient avant tout parmi les habitats. Sous la maison ou à côté. Sous forme d’un ou deux trous, généralement dans la terrasse. Là c’est typique, car nous sommes sur des terrains pentus. Ils en profitaient pour bâtir ces sortes de caves qu’ils recouvraient de grosses dalles.
Vous parliez d’un climat d’insécurité en raison des migrants. Ces structures étaient-elles facilement décelables pour qui passait à proximité ?
Je ne veux pas sous-estimée la sagacité des pilleurs, mais tout de même, je pense qu’il fallait comprendre une certaine logique de construction avant de pouvoir déceler ces structures. En l’occurrence, il fallait les chercher au bord des terrasses. Pour ce qui me concerne, avant de le comprendre, il m’a fallu en fouiller quelques-unes…
Elles étaient donc camouflées, comme des caches en quelque sorte…
Effectivement. Et on l’a bien entendu ainsi. Les plus indécelables étaient situées sous les maisons. Indécelables, pas seulement aujourd’hui, mais à l’époque. L’une d’elles, a été retrouvée sur le site de Los Toriles. L’un des sites les plus inaccessibles de mon corpus, à près d’une heure de marche sur un terrain pentu accidenté. A notre arrivée, nous avons vu une structure d’habitat, avec deux pièces, orientées nord-sud, et connectées. L’une construite sur le terrain, l’autre à cheval sur une terrasse. Le sol de la première pièce était en terre battue. Classique. Celui de la seconde pièce aussi. Sinon qu’il y avait sous la terre de grosses dalles. En les soulevant, nous sommes tombés sur trois petites pièces complètement murées, donc sans ouverture vers l’extérieur. Au début, on ne savait pas qu’elles communiquaient entre elles. L’une comportait des petites dalles plantées dans la paroi pour faciliter la descente. Un système d’accès qu’on ne trouvait pas dans les autres. En descendant, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait une énorme marche pied qui permettait - par un passage étroit de seulement 40 cm de large – d’accéder dans la deuxième pièce, laquelle donnait elle-même accès par un escalier de trois marche, et mois de 50 cm sous plafond, à une troisième petite pièce, qui menait à son tour, par une petite trappe, à une sorte de cagibi. Nous étions là, sans doute possible, devant une cave contenant elle-même une cachette…
Pour se prémunir contre le vandalisme…
C’est possible, mais on peut aussi cacher des choses pour attirer le « bon œil » sur sa maison, en plaçant des offrandes pour une divinité, des sortes d’amulettes. Ce phénomène est connu, notamment en Afrique, pour protéger les réserves agricoles.
Alors venons-en à la vraie question : qu’y cachaient-ils ?
Beaucoup de choses. Dans la maison en question, la première pièce souterraine, qui constituait le vestibule d’entrée, ne contenait rien. La deuxième non plus. Elle était vide et surtout nettoyée, avec des traces de terres rouges, rubéfiées, sans doute nettoyées par le feu. Ce qui n’est d’ailleurs pas inintéressant dans la perspective du stockage. Pour trouver le matériel, il fallait accéder à la troisième pièce, la plus petite : 1,60m sur 1,11 m et 1,20 m de profondeur. C’est là que j’ai trouvé la moitié des pièces de mon corpus.
Racontez-nous…
Une quantité incroyable de tessons. L’équivalent de douze cartons. Surtout de gros contenants, essentiellement des jarres dont quatre qui seront potentiellement complètes après restauration. Des jarres monochromes, de près d’un mètre de haut, dont l’une contient un tout petit épi de maïs. L’ensemble a manifestement été abandonné. Mais il ne s’agissait pas d’un dépotoir.
Il fallait passer à travers un boyau pour atteindre ces jarres et les sortir…
Il n’est pas certain que les jarres elles-mêmes aient été déplacées. J’en suis d’autant moins sûre qu’on a retrouvé des bols et un certain nombre de matériels, des cuillères notamment, qui auraient pu servir au maniement du produit qu’elles contenaient pour éviter le déplacement des jarres. On a aussi retrouvé des bouchons en basalte ou façonnés dans des céramiques– domestiques ou funéraires – plus fines que celles des contenants. Il s’agissait essentiellement de bols à piédestal ou d’écuelles monochromes, cassées et retaillées, à iconographie géométrique (des lignes parallèles ou ondulées, des motifs de peigne, etc.), dont on n’avait plus l’usage et qui trouvaient là, sur les cols ouverts des jarres, une seconde vie en quelque sorte. Certains produits, plus précieux que d’autres, méritaient peut-être d’être cachés là. En tout cas, c’est une possibilité.
Restons dans cette petite pièce. Y avait-il d’autres choses ?
Oui, dans le cagibi accessible par la trappe mentionnée plus haut, nous avons trouvé un superbe vase tripode, ainsi que trois poinçons en os humain. Là nous ne sommes plus dans du stockage alimentaire, mais dans celui de biens précieux.
Des biens que les habitants n’ont pas emportés…
On peut penser qu’une population qui s’en va et qui planifie son départ ne laisse rien, en tout cas rien de précieux. Sauf si c’est un abandon non programmé… Maintenant, pour les sites en question, comment savoir dans quelle condition, comment et pourquoi ils sont partis ? C’est une question sans réponse. Cela ne m’a pas empêchée de reconstituer l’endroit tel qu’il était juste avant l’abandon. Pour pouvoir travailler sur cette « photo » et l’interpréter. Quand vous trouvez quelques tessons, c’est facile. Mais quand vous disposez, dans le cas présent, d’un corpus de 30 000 tessons monochromes, vous devez développer des méthodes de quantification du matériel pour comprendre de quoi il s’agit. A partir de la « cache » que je viens de décrire, je suis parvenue à comprendre que parmi les milliers de tessons retrouvés, la quasi totalité provenait de pièces qui entières au moment de l’abandon.
Parce qu’elles étaient en mille morceaux…
Le plus souvent. Pour des raisons diverses et variées : un affaissement partiel des murs, les rongeurs qui s’y sont promenés, etc. Le plus important pour nous, état de savoir que l’endroit était « propre » avant l’abandon. Ce qui était très important dans la perspective du stockage et de l’utilisation de l’espace.
Qu’avez-vous retrouvé dans les autres caches ?
Surtout des céramiques, notons que nous avons trouvé très peu de matériels lithiques. Parmi les quelques pièces quantifiées quelques grattoirs… Mais au-delà du visible, nous avons prélevé et ce, systématiquement dès la première année, une certaine quantité de sédiments au niveau des sols. Pour deux types d’analyse, qui ont été réalisées à la UNAM : des analyses botaniques et des analyses chimiques. Des études menées par Luis Barba à Teotihuacan dans les années 90 avaient montré que les activités anthropiques anciennes marquent les sols chimiquement et que leur imprégnation ne disparait jamais complètement. Ces analyses permettent de détecter des concentrations de phosphate, de carbonate ou d’acide gras… A nous, ensuite, de réfléchir sur l’origine de l’enrichissement chimique et quels produits et/ou quelles activités pourraient en être à l’origine.
Les résultats ?
Ces analyses n’ont pas apporté de résultats spectaculaires, d’autant plus que nos structures étaient souvent éventrées, des animaux chutés ayant contaminé les sols. Quoi qu’il en soit, un taux élevé de carbonates, dans plusieurs structures intactes aurait pu traduire la présence d’un traitement à base de carbonates, la chaux par exemple, sur les murs ou dans le stock. On connaît d’ailleurs son emploi à l’époque moderne pour la conservation du maïs.
Bref, on est seulement certain de la présence de maïs ?
Pour ce qui concerne l’une des caches, c’est plus que probable, puisque nous avons retrouvé un épi carbonisé. Pour les autres, on trouvait peut-être (aussi) de l’amarante. Je n’en ai pas retrouvé de traces incontestables, mais cette plante peut faire partie du champ des possibilités, parce que sa consommation était courante à l’époque précolombienne. La plante a des qualités nutritionnelles et énergétiques qui dépassent celles du haricot. Selon les sources ethno-historiques, l’amarante était le produit agricole le plus important, après le maïs, au moment de la Conquête.
Ces caches étaient-elles communautaires ?
Non, mais domestiques et multiples. Plusieurs familles devaient stocker leurs propres productions au même endroit. Les structures n’auraient sans doute pas été fragmentées en petites cellules localisées souvent au sein des habitats si elles avaient été communautaires. Par ailleurs, il existe d’autres structures, de grandes pièces dans le secteur monumental qui, elles, pouvaient avoir une vocation communautaire.
Que reste-t-il à découvrir ?
Sans doute plein de choses. Le stockage est un sujet passionnant, mais le fait est qu’on ne peut pas répondre à toutes les questions. Ce qui m’intéresserait peut-être serait de refaire le travail de compilation des données, cinq ans après celui de 2005, car de nombreuses structures de stockage ont sans doute été découvertes depuis. Et puis il y a encore d’autres structures à trouver, qui recèlent de nouveaux indices pour la compréhension de cette pratique en Mésoamérique.