Paul Tolstoy entre M. D. Coe et R. J. Sharer au séminaire de la School of American Research consacré aux Regional Perspectives on the Olmec. © D.R.

Ces enseignements, on ne le sait plus beaucoup aujourd’hui, débutèrent à la rentrée universitaire 1973 (bientôt 50 ans !) avec des professeurs invités. Ce fut là l’aboutissement des efforts combinés de l’ambassadeur du Mexique en France, l’historien Silvio Zavala, et de Jean Deshayes, alors directeur de l’UFR, avec l’appui d’Hélène Ahrweiler, présidente de l’université, et l’implication de Philippe Guillemin, responsable au ministère des Affaires étrangères des fouilles françaises à l’étranger.

Paul Tolstoy fut le troisième des invités. Ses cours commencèrent à l’automne 1976. D’origine russe, scolarisé en France mais ayant fait ses études supérieures aux États-Unis (PhD à Columbia University), Tolstoy, polyglotte, avait été le premier professeur d’archéologie au département d’anthropologie de l’université de Montréal au début des années 1960. D’abord intéressé par la Béringie, il s’était ensuite tourné résolument vers la question de l’émergence des sociétés complexes, spécialement dans le Bassin de Mexico.
Son grand intérêt pour les outillages, en particulier lithiques et notamment l’obsidienne, lui avait valu de rédiger le chapitre « Utilitarian Artifacts of Central Mexico » pour le volume 10 du Handbook of Middle American Indians paru en 1971. Sa précision d’analyse des vestiges du Préclassique dans la région (voir notamment l’article dont il est le premier auteur dans le tout jeune Journal of Field Archaeology (« Early sedentary communities of the Basin of Mexico »), sa révision formidable des trouvailles — mexicaines — du site de Tlatilco et ses propres fouilles, en particulier à Coapexco (un relais, comme il le démontra, dans l’exportation des obsidiennes vers le pays olmèque), sont encore de grands exemples.
Exerçant à Queens College (New York), il maîtrisait tous les débats théoriques qui traversaient l’américanisme nord-américain et il donna à son enseignement un tour fortement théorique et méthodologique.
Son arrivée à Paris 1 coïncida, d’ailleurs, avec la publication de The early Mesoamerican village, édité par Kent V. Flannery. Mais il consacra d’abord son enseignement parisien au dépouillement critique des avancées que représentaient, pour la grande phase pré-céramique et les débuts du Préclassique, les travaux menés dans la vallée de Tehuacan sous la direction de Richard S. MacNeish.
D’une grande rigueur scientifique, tempérée par un solide sens de l’humour, Paul Tolstoy exigeait de ses étudiants sérieux et ténacité. Mais, sous ses allures austères, c’était un bon vivant qui ne cessa, durant ses vacances après son retour à l’université de Montréal, de revenir découvrir les provinces françaises, leurs trésors culturels et leurs bonnes tables.
Sa fidélité à Paris 1 se traduisit par son choix d’y soutenir une thèse d’État sur travaux en 1983.

D. Michelet