Véronique Darras

Archéologue, UMR 8096 Archéologie des Amériques
Directrice de recherche au CNRS, chercheure associée du CEMCA de Mexico.

 

 

 

 

Atelier d'obsidienne © Véronique Darras

 

“l’utilisation de la lame prismatique   est véritablement attestée   vers 1300 avant J.-C   dans plusieurs régions   de Mésoamérique”

 

 

Bloc d'obsidienne © Véronique Darras

 

 

“Avec un nucléus préparé présentant,  par exemple,  un plan de pression  de 10 cm de diamètre,  il est possible de débiter  entre 200 et 250 lames  prismatiques standardisées”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lame prismatique en obsidienne verte provenant du gisement de Pachua
© Véronique Darras

 

 

 

 

 

 

 

“Plus on est loin des sources et plus on a besoin d’optimiser la matière première”

 

 

 

 

Déchets d’obsidienne dans les ateliers de fabrication de lames à la percussion © Véronique Darras

 

 

 

 

 

 

 

“On observe qu’une grande partie  de l’histoire mythologique officielle  des Aztèques et des Tarasques  est finalement assez proche.  Il s’agit d’histoires réécrites  pour se conformer aux intérêts  des dynasties au pouvoir  et pour s’ajuster au calendrier rituel”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Des liens de l’Occident mexicain avec la Mésoamérique  Le dieu solaire Curicaueri est matérialisé par un nucléus d’obsidienne. Sur l’illustration (ci-dessus) : le roi Tariacuri distribue des lames, morceaux du Dieu, à ses neveux. Planche XVII, manuscrit CIV 5 Biblioteca de San Lorenzo de El Escorial, Madrid

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

“la fabrication des lames prismatiques se poursuit au cours du XVIe siècle, et peut-être jusqu’au XVIIe. Ensuite, le plus probable est que le savoir-faire ait disparu par absence de transmission puis disparition de ses derniers détenteurs”

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De l’importance des lames d’obsidienne en Mésoamérique

 

 

Comment expliquez-vous l’usage intensif de l’obsidienne en Mésoamérique ?

Ce verre volcanique, très abondant en Mésoamérique, a pour principale qualité un tranchant exceptionnel, une fois taillé. L’obsidienne était la matière première préférée des populations mésoaméricaines, en particulier celles des Hautes Terres. Au Mexique, les gîtes d’obsidienne se trouvent le long de l’axe néo-volcanique qui traverse le pays de part et d’autre, entre la côte du Golfe et la côte Pacifique. On trouve aussi de l’obsidienne dans les Hautes Terres du Guatemala. L’exploitation des plus grands gîtes* a été méthodique dès la fin du Préclassique ancien, probablement à partir du XIIIe siècle avant. J.-C. Cependant, nous ne disposons pas d’évidences archéologiques datées de cette période car ces anciennes exploitations ont été recouvertes par les plus récentes. A ce jour, plus de 100 sources d’obsidienne ont été répertoriées dans cette région d’Amérique.

 

Peut-on dire qu’en Mésoamérique l’obsidienne a joué le rôle du silex dans l’Ancien Monde ?

Oui et non. En région maya, le silex était la principale matière première. De nombreuses variétés de silex et roches siliceuses se trouvent dans toute la péninsule du Yucatan. Selon leur qualité, elles étaient utilisées pour l’outillage courant ou pour fabriquer des pièces bifaciales fines, comme des pointes de lances ou des excentriques. En revanche, l’obsidienne trouvée chez les mayas devait être importée depuis les Hautes Terres du Guatemala ou celles du Mexique central. Pour les populations du Mexique central, il est incontestable que l’obsidienne a joué le même rôle que le silex dans les sociétés préhistoriques et protohistoriques de l’Ancien Monde. Ces populations disposaient, par ailleurs, d’autres matières premières comme le basalte, l’andésite et, dans certains contextes, la rhyolite ou la calcédoine. L’obsidienne, quant à elle, était utilisée pour fabriquer une palette très large d’artefacts, comme des outils et des armes, mais aussi des bijoux, des artefacts d’ornement ou d’apparat utilisés à des fins religieuses, etc. Elle était transformée selon différents de processus de taille ou/et de polissage. La mise en exploitation systématisée des gîtes doit être associée au développement d’une technologie très particulière, utilisée presque partout en Mésoamérique, et qui est celle de la lame prismatique.

 

Expliquez-nous…

Les premiers indices de la présence de cette technologie en Mésoamérique dateraient, selon certains auteurs, du quatrième, voire du cinquième millénaire avant J.-C. Mais cette date ancienne est incertaine et sujette à discussion. En revanche, l’utilisation de la lame prismatique est véritablement attestée vers 1300 avant J.-C dans plusieurs régions de Mésoamérique : le bassin de Mexico, la région de Puebla et le Golfe du Mexique.

 

Quelles sont les particularités de la lame prismatique et pourquoi est-ce une véritable innovation technologique ?

La lame prismatique est un éclat très mince, de forme très allongée et aux bords parallèles. Il s’agit d’un produit de morphologie standardisée qui s’obtient avec la technique de la pression et qui demande un travail long et compliqué de mise en forme du nucléus. Car ce nucléus doit présenter une morphologie prismatique pour permettre le débitage des lames. La préparation requiert des compétences techniques spécialisées et seulement maîtrisables après un apprentissage de plusieurs années. Le tailleur doit tout d’abord créer par percussion des nervures longitudinales et régulières sur le pourtour du nucléus, pour lui donner une forme polyédrique, puis le faire évoluer progressivement vers une silhouette sub-prismatique. L’étape de préparation du plan de pression est aussi importante, celui-ci pouvant être abrasé. C’est seulement après ce long travail de mise en forme que l’artisan pouvait débiter des lames avec la technique de la pression. Un tailleur habile devait être capable de limiter les accidents et, lorsque ceux-ci survenaient, de trouver des solutions techniques pour réparer les nucléus. Plusieurs textes ethnohistoriques du XVIe siècle décrivent le processus et illustrent des artisans en train de travailler : ils sont assis par terre en maintenant les nucléus entre les pieds, et débitent de lames à la pression à l’aide d’une béquille en bois, appelée « itzcolotli ». L’intérêt de cette technologie est qu’elle optimise la matière première. Avec un nucléus préparé présentant, par exemple, un plan de pression de 10 cm de diamètre, il est possible de débiter entre 200 et 250 lames prismatiques standardisées.

 

Comment faisait-on avant le développement de cette technologie ?

Il existait de nombreuses traditions laminaires à la percussion, directe ou indirecte. Ces traditions requéraient une quantité considérable de matière première et présentaient donc l’inconvénient d’en gaspiller beaucoup.  En effet, ces technologies produisaient des lames non standardisées et souvent épaisses, qui obligeaient à prélever beaucoup de matière du nucléus. Cela dit, les lames obtenues à la percussion ou les éclats de débitage non laminaires présentaient un tranchant tout aussi efficace que celui de la lame prismatique.

 

Où est née cette lame ?

La technologie de la pression laminaire a probablement été mise au point dans l’ère sino-sibéro-mongole, il y a plus de 20 000 ans. Mais les occupations préhistoriques de l’Amérique moyenne ne la connaissent pas. Le plus vraisemblable est donc que la technologie de la lame prismatique ait été réinventée en Mésoamérique, à une époque beaucoup plus tardive. Toutefois, son foyer de développement reste inconnu, même s’il y a fort à parier qu’il se situe à proximité de l’un des gisements les plus importants de Mésoamérique, notamment ceux qui ont été exploités dès le Préclassique ancien, comme Paredon, Otumba ou Ucareo-Zinapecuaro. On peut d’ailleurs lier le début de l’exploitation systématique de ces gisements au développement de cette technologie spécialisée. Les débuts de la technologie de la lame prismatique coïncident aussi avec l’essor des échanges de longue distance : les lames prismatiques voyaient parfois sur des centaines de kilomètres.

 

Combien mesurent les plus longues lames prismatiques ? 

Les plus grands nucléus ont été trouvés dans des contextes datés des périodes Préclassique finale et Classique. Les plus longues lames prismatiques connues atteignent près de 30 cm. Mais elles sont l’exception. Il s’agit probablement d’une prouesse technique d’un artisan particulièrement habile. Ces lames ont été retrouvées dans une cache préclassique sur le site d’Abaj Takalik au Guatemala. Mais, en règle générale, les lames à cette période mesurent plutôt en moyenne 15 cm de long pour 1,5 cm de large et 3 à 4 mm d’épaisseur. Selon la chaîne opératoire et la morphologie du nucleus, la longueur de la lame peut se réduire au fur et à mesure qu’on progresse dans le débitage ou, au contraire, rester d’une longueur plus ou moins identique. Au Postclassique récent, notamment chez les Tarasques et les Aztèques, les lames sont beaucoup plus petites. Elles mesurent, en moyenne, de 10 à 11 cm de longueur sur 1,2 cm de largeur.

 

Quels sont les avantages de ces lames ?

Avantage numéro un : l’optimisation de la matière première. C’est très important, car nous pensons que cette technologie a été mise au point dans le but de produire des artefacts destinés à circuler sur de longues distances, à approvisionner des régions où l’obsidienne est rare, voire absente. Plus on est loin des sources et plus on a besoin d’optimiser la matière première. L’autre avantage est qu’on obtient un artefact parfaitement régulier avec un tranchant exceptionnel. Enfin, c’est un support qui peut être retouché, et dont on peut faire des grattoirs, des couteaux, des perçoirs, des lancettes, des pointes de projectiles etc.

 

Qui gérait les lieux de production ?

On observe des cas de figure très variables selon les périodes et régions étudiées. Les débuts de la lame prismatique sont peut-être liés au phénomène olmèque. A cette époque, il existait seulement un nombre réduit de foyers de production. Le savoir-faire était probablement maîtrisé par un petit nombre de tailleurs, et sa diffusion était peut-être restrictive. Mais, si un contrôle de la technologie peut être envisagé, il ne faut pas non plus écarter l’hypothèse que la seule difficulté technique  a pu être un frein suffisant à une diffusion rapide. Quoiqu’il en soit, à ses débuts, ce produit était assez rare et se consommait dans des contextes particuliers, lors d’actes rituels (autosacrifice ?), et probablement par les élites. En tout cas, pour le Préclassique, l’usage de la lame prismatique n’est pas généralisé. Par exemple, l’Ouest mésoaméricain reste très longtemps étranger au phénomène de la lame prismatique : la technologie y est inconnue et la lame manufacturée, comme produit issu des échanges de longue distance, y est aussi très rare.

 

Jusqu’à quelle époque ?

Jusqu’au début du Postclassique ancien (vers 900 après J.-C). Pour le nord du Michoacan, la lame prismatique est seulement produite localement entre 1000 et 1200 après J.-C. Soit pratiquement 2500 ans après son développement initial. Pour l’Etat du Jalisco, l’avènement de la lame prismatique est à rapprocher du phénomène Aztatlan (900 après J.-C).  C’est donc un peu plus ancien, mais tout de même très tardif. Par ailleurs, à partir du moment où la technologie de la lame prismatique arrive au Michoacan, chez les Tarasques, on assiste à un processus simultané de banalisation. Tout le monde la consomme. Elle devient un outil polyvalent, utilisé par toutes les strates de la société, aussi bien pour des usages triviaux comme couper des aliments quotidiens que pour des actes plus religieux comme l’autosacrifice. Ces incisions rituelles des parties molles avaient pour objectif de faire couler son sang, par pénitence ou pour exprimer un vœu.  A ce propos, j’ai retrouvé une référence intéressante dans un document ethno-historique -  la Relation de Querétaro -, qui traite d’une région sous domination aztèque mais voisine de celle du Michoacan, et qui précise que les femmes pratiquaient l’autosacrifice à la maison, tandis que les hommes se réunissaient dans un lieu spécial, comme les maisons communautaires. Tout cela m’a conduit à réfléchir sur la symbolique de l’obsidienne et surtout à poser cette question : y a t-il une correspondance logique entre la rareté supposée d’un objet et sa très grande importance symbolique ?

 

De la couleur de l’obsidienne…

Elle est le plus souvent noire brillante et translucide. Mais on trouve aussi des obsidiennes vertes, certaines d’un beau vert-olive, d’autres vert-gris ou encore vert turquoise, voire un vert translucide avec des nuances dorées. Il existe également une obsidienne rouge, orange, noire et rouge, marron etc. La palette de couleurs est vraiment très variée. L’obsidienne rouge n’était pas utilisée pour fabriquer des lames prismatiques mais plutôt des objets bifaciaux : pointes de projectiles et couteaux. En revanche, l’obsidienne verte a été très employée pour fabriquer des lames prismatiques. Il est probable que la couleur de l’obsidienne a joué un rôle symbolique important dans les usages qui en ont été faits.

 

Ce rôle était-il identique chez les Aztèques et leurs ennemis de l’ouest mexicain, les Tarasques ?

Les informations dont nous disposons sur le rôle symbolique de l’obsidienne sont fournies par les documents ethno-historiques et le registre archéologique. On observe qu’une grande partie de l’histoire mythologique officielle des Aztèques et des Tarasques est finalement assez proche. Il s’agit d’histoires réécrites pour se conformer aux intérêts des dynasties au pouvoir et pour s’ajuster au calendrier rituel. Les deux peuples fondent leur origine et légitiment leur destinée à partir d’une migration ancienne. Celle-ci a probablement eu lieu à un moment ou une autre de leur histoire, et a été incorporée dans leur registre mythologique. Aztèques et Tarasques associent l’obsidienne noire à l’inframonde. On a longtemps pensé que les couteaux de sacrifice pour extraire le cœur étaient en obsidienne noire, jusqu’à ce que Michel Graulich démontre le contraire.

 

Pourquoi ?

Parce que le sacrifice par cardiectomie, c’est-à-dire par extraction du cœur, était fait en l’honneur des divinités célestes. Pour Michel Graulich, il ne pouvait être pratiqué qu’avec un couteau de silex, une matière première associée à ces divinités, probablement parce que de couleur claire. De son côté, l’obsidienne étant associée au monde souterrain, elle devait être réservée au sacrifice par décapitation en l’honneur des divinités terrestres. Au Michoacan, les Tarasques n’avaient pas de silex. Ils auraient pu en importer, comme les Aztèques, mais ne l’ont pas fait. Toutefois, la calcédoine, de couleur blanche, a pu remplir, dans certains contextes, le rôle du silex chez les Aztèques. Mais cette matière première est seulement retrouvée pour des périodes plus anciennes, et en faible quantité. En effet, pour le Postclassique récent (1200 – 1520 après J ?.-C.), nous n’avons pas retrouvé de couteaux en calcédoine. En attendant que le registre archéologique me contredise, l’information disponible montre que les Tarasques devaient donc pratiquer l’extraction du cœur avec des couteaux d’obsidienne, vraisemblablement de couleur claire et translucide.

 

Le dieu tutélaire des Tarasques serait « une matrice d’obsidienne »…

C’est exact. Le dieu Curicaueri « celui qui a été engendré au plus haut des cieux » était très probablement incarné par un nucléus d’obsidienne noire. Dans la Relation du Michoacan, dont je recommande la lecture parce c’est l’unique témoignage dont nous disposons sur l’histoire et les croyances des Tarasques, le roi et héros mythique Tariacuri tient son pouvoir de la détention de ce nucléus, toujours enveloppé dans un linge de coton ou une peau de cerf. Au moment de transmettre son pouvoir à ses neveux, il donne des morceaux de son dieu - des lames d’obsidienne – pour qu’ils procèdent à des autosacrifices. Mais, dans ce même ouvrage, l’obsidienne est également associée aux divinités terrestres dont Cuerauaperi, la déesse mère. Il y est question notamment d’une fête, un rite de passage, qui se déroule sur une montagne – Zinapecuaro –, où l’on jette des cheveux mêlés à de la cendre dans les eaux chaudes thermales. Il s’agit des cheveux de prisonniers amenés à devenir des victimes sacrificielles. En raison des rituels qui y étaient pratiqués, cette montagne est sacrée et, même si cela n’est pas mentionné dans la Relation du Michoacan,, il faut rajouter qu’elle est particulièrement riche en obsidienne.  Par ailleurs, certaines parties de la Relation font état de vieilles femmes accouchant de lames d’obsidienne de toutes les couleurs. Lames qui se transforment ensuite en divinités célestes avant d’aller se positionner aux quatre parties du monde. Donc, très clairement, les lames d’obsidienne sont associées aux divinités célestes, mais sortent des entrailles de la Terre. Cela n’est pas original, car l’association grotte/utérus est récurrente dans les mythes mésoaméricains, la grotte étant perçue comme l’entrée de l’inframonde et associée à l’image féminine. Les flèches étaient aussi très chargées symboliquement car elles étaient divinisées. Lors des déclarations de guerre, par exemple, on enterrait des flèches de couleur différente aux quatre coins du territoire. Bref, le sens attribué à l’obsidienne prend tout son sens dès lors qu’on combine la matière première, la couleur et l’artefact lui-même. Il faut réellement mobiliser ces trois éléments, qui sont interdépendants, pour en saisir toute la portée symbolique. En conclusion, l’obsidienne était omniprésente partout, dans le quotidien domestique et des rituels des gens du commun, comme insignes des élites (labrets ou boucles d’oreilles), et dans les actes cérémoniels de la religion officielle.

 

L’obsidienne servait aussi de remède…

Effectivement, elle aurait été broyée en poudre et mélangée à de l’eau pour éclaircir la voix ou soigner des maux de gorge… Ses vertus curatives figurent dans plusieurs documents ethno-historiques relatifs au Mexique central. Des données ethnographiques confirmant ces usages existent également.

 

De l’utilisation de l’obsidienne après l’arrivée des Conquistadors…

L’obsidienne continue à être utilisée au cours des décennies qui suivent la Conquête. Le métal ne supplante pas tout de suite l’outillage traditionnel des Indiens de Mésoamérique. Selon les sources ethno-historiques, la fabrication des lames prismatiques se poursuit au cours du XVIe siècle, et peut-être jusqu’au XVIIe. Ensuite, le plus probable est que le savoir-faire ait disparu par absence de transmission puis disparition de ses derniers détenteurs. Aujourd’hui encore, dans certaines régions des Hautes Terres centrales, des paysans taillent l’obsidienne pour en extraire des éclats. Ces derniers sont utilisés pour castrer les animaux d’élevage, en particulier les cochons, car, en plus d’un tranchant qui surpasserait celui d’une lame de métal, ils ont la réputation d’être stériles et de favoriser une bonne cicatrisation. Il s’agit d’outils à courte espérance de vie puisque le tranchant de chaque éclat est utilisé pour 3 cochons environ. Par ailleurs, depuis que Don E. Crabtree, a fait expérimenter sur lui les effets d’une opération avec un bistouri d’obsidienne,dans les années 1960, la lame a fait des émules. En témoigne la firme étatsunienne Aztecnics qui a mis au point des bistouris d’obsidienne, principalement utilisés dans les années 1970 pour la chirurgie ophtalmologique. Un bistouri au tranchant parfait, stérile et jetable…

Propos recueillis en 2012

*Les gîtes d’obsidienne ont surtout été exploités de façon intensive à partir de l’époque classique. Les mines peuvent être à ciel ouvert ou présenter des galeries souterraines ou puits profonds, Parmi les plus importants, citons le gîte du Chayal au Guatemala, qui approvisionnait une bonne partie de la région maya. Dans les Hautes Terres centrales du Mexique, le gîte d’Otumba, à proximité de Teotihuacan, ou encore celui de Pachuca qui a fourni la fameuse obsidienne verte translucide. Enfin, au Michoacan, le gîte d’Ucareo a été exploité dès le Préclassique ancien pour la fabrication de lames prismatiques.