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Coline Lemaitre

Doctorante

 

« L’archerie du littoral ouest alaskien (5e siècle apr. -fin du 19e siècle) – Technologie et fonctions des systèmes arcs et flèches »

 

Sous la direction de Véronique Darras et Claire Alix
(Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
Avec le tutorat scientifique de Pierre Cattelain (Université Libre de Bruxelles).

 

 

Résumé

En parallèle de l’usage du propulseur pour chasser les mammifères marins depuis les kayaks, les populations Néo-Inuit des 1er millénaire et 2e millénaires ont utilisé la technologie de l’arc renforcé de câbles de tendon (« free-backing bow ») sur l’ensemble du littoral alaskien. Un câble de tendon est tendu d’un bout à l’autre de l’arc et noué à l’aide de fils latéraux sur le cœur en bois. La façon dont sont structurés ces câbles de tendon varie, tout comme le profil des arcs, le souvent pourvu de siyah (extrémités courbes et rigides des branches) qui témoignent d’une influence asiatique. La présence de ces deux éléments sur l’arc arctique renforce le cœur en bois souvent fragile (issu de sources de bois flotté le long du littoral) tout en augmentant les performances de l’arc en termes de rendement d’énergie et de puissance. À cet arc sont associés des flèches dont le type d’appointement est variable en fonction des diverses proies chassées ou lors de conflits.

La technologie de l’arc et des flèches et leurs variabilités sont difficiles à caractériser et à étudier pour les périodes anciennes, mais les vestiges en bois et autres matières organiques conservées grâce au pergélisol, fournissent des exemples d’arcs et de flèches dans des corpus archéologiques souvent fragmentaires. Ces derniers permettent d’identifier certaines différences entre les composants des arcs et des flèches des quatre complexes archéologiques du 1er et 2e millénaire, Ipiutak, Punuk, Birnirk et Thulé sans que l’on puisse expliquer ce qui sous-tend ces différences. Nos connaissances se fondent alors principalement sur les témoignages des explorateurs et des premiers ethnographes du 19e siècle qui ont observé les sociétés Iñupiaq et Yup’ik et les armes qu’ils maniaient à cette époque. L’ensemble de ces témoignages proposent un vision typo-régionale et chronologique de la variabilité morphologique des objets, mais les arcs et les flèches ont le plus souvent été décrits séparément sans analyse technique.

Or, dans mon projet de thèse, j’entrevoie l’arc, la flèche et l’archer comme interdépendants au sein de systèmes mécaniques, balistiques et techniques. À travers ce postulat, l’objectif est de comprendre les raisons des variabilités observées dans les corpus et ainsi comprendre les fonctions des systèmes arcs-et-flèches au sein des sociétés du littoral ouest alaskien.

Ma recherche s’appuie sur l’étude des nombreux corpus ethnographiques et archéologiques disponibles dans les différents musées européens et nord-américains, et sur l’utilisation d’outils mécaniques et balistiques liés aux sciences des matériaux et de la physique. Nous étudions ces corpus grâce à un protocole d’analyse strict et systématique dans lequel sont détaillés chaque élément de l’arc et de la flèche d’un point de vue morpho-métrique en vue de réaliser des test mécaniques (à l’aide de calculs et simulations des performances après modélisation 3D) et balistiques (à l’aide de reconstitutions et d’expérimentations). En obtenant ces données morpho-métriques, mécaniques et balistiques, l’objectif est de distinguer des systèmes potentiels, et de déterminer quels éléments dans ces systèmes relèvent de choix fonctionnels, de préférences individuelles, ou de traditions culturelles.

 

Domaines de recherche

Archéologie des matériaux ; Technologie et mécanique ; Ethnologie

 

Financements

Contrat doctoral de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ED112

 

Cursus universitaire

Depuis novembre 2020 –Doctorat en Archéologie et Ethnologie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, ED 112 ; UMR 8086 – ArchAm.

2019 - 2020 – Master 2 Archéologie de la Préhistoire et de la Protohistorique : « L’étude du système arcs et flèches des sociétés Iñupiaq du nord – ouest de l’Alaska à partir de collections ethnographiques du 19e siècle ». Sous la direction de Claire Alix ; Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

2017 - 2018 – Master 1 Archéologie, Sciences pour l’archéologie : « Circulation et intégration des matériaux et objets euro-américains auprès des communautés autochtones du Pacifique (18e-19e siècle) : étude comparative entre Hawaii et l’Alaska méridionale. ». Sous la direction de Claire Alix et Émilie Nolet ; Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

2015 - 2017 Licence d’Histoire de l’art et Archéologie ; Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

2013 - 2015 Licence Histoire ; Université de Rouen Normandie.